William Eggleston marque l'histoire de la photographie par son emploi systématique de la couleur dans un contexte où la photographie noir et blanc apparaît plus distanciée, plus noble, plus cérébrale.
Il emploie le procédé du dye transfert: une technique de tirage inventé par Kodak qui permet un rendu coloré très saturé. Le travail d'Eggleston s'attache à rendre compte de sujets ordinaires. "De vieux pneus, des distributeurs de Dr.Pepper, des climatiseurs abandonnés, des distributeurs automatiques, des bouteilles de Coca Cola vides et sales, des affiches déchirés, des poteaux et des fils électriques, des barrières, des panneaux de sens interdits". Il cherche la beauté dans le monde ordinaire. En apparence, il semble photographier les habitants et les alentours ordinaire de la banlieue de Memphis et du Mississippi. Pourtant derrière la banalité de ces sujets, on décèle un sentiment de danger menaçant.
La couleur devient un sujet en soi déplaçant l'objet à l'arrière plan. La couleur domine. Eggleston lui donne une brillance, une saturation et un contraste plus que réel. La couleur parce qu'elle fascine va masquer le jeu de composition auquel se livre le spectateur.
Il est selon ses propres termes en guerre avec l'évidence. Il choisit volontairement des points de vues décalés. Ses cadrages sont souvent incongrus, coupant ici ou là un pied, un visage, une partie de ce qui pourrait être le sujet de l'image. Tout est fait pour que le spectateur s'imagine une photographie spontanée alors même qu'elle est le fruit d'une construction extrêmement maîtrisée.
On compare souvent le travail d'Eggleston à celui de l'écrivain américain William Faulkner, lui aussi originaire de l'état du Mississippi dont il fera le sujet de la grande majorité de ses œuvres littéraires.
Découvrir le travail de William Eggleston: http://www.egglestontrust.com/
Stéphanie Régnier ARI'SON AGENCY - production photo - photographe Antibes
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